La vallée de l’étrange, cette notion liée à l’intégration de la robotique dans notre quotidien a son exposition ! Du 26 janvier au 13 novembre 2016, au quai Branly, l’exposition PERSONA montre plus de 230 objets et inventions façonnés par l’Homme à travers le temps. Le fil d’Ariane de la visite : « De quoi voulons-nous nous entourer ? » illustre notre époque par des intelligences artificielles et des humanoïdes déstabilisants.
Qu’appelle-t-on « la vallée de l’étrange » ?
La vallée de l’étrange est une théorie selon laquelle plus un robot androïde ressemble à un être humain, plus il génère un sentiment d’étrangeté faisant apparaître ses imperfections comme monstrueuses. Au-delà d’un certain niveau de perfection (apparence, mobilité, gestuelle, …) l’acceptation s’améliore rapidement. Selon la théorie de l’étrange, plus les robots humanoïdes seront comparables à l’être humain, mieux ils seront acceptés, après avoir franchi la vallée dérangeante.
Lorsqu’on représente cette théorie de manière graphique, elle montre une forte baisse d’acceptation qui remonte fortement au-delà d’un certain moins, ce qui a amené le terme de Vallée, qui fait apparaître la notion d’une zone d’acception à franchir.
La maison témoin du futur
Zoom sur la dernière partie de l’exposition : une « maison témoin du futur » dans laquelle trônent des objets et des intelligences artificielles représentatifs de notre époque et de celle à venir ! Vous y trouverez le robot-peluche émotionnel et intelligent Paro, utilisé actuellement à des fins thérapeutiques pour soigner les troubles cognitifs et comportementaux ou encore une « love doll », cette femme-robot plus vraie que nature, très prisée par ces messieurs au Japon.
L’exposition vise en fait à montrer la faculté de l’homme à humaniser, tout du moins à apporter des caractéristiques humaines à tout ce qui l’entoure et qui n’est pas humain.
La vallée de l’étrange ou la fascination de l’humain non-humain
Dans cette exposition, la robotique côtoie l’art ; des robots et des sculptures qui ont tous cette particularité d’adopter des caractéristiques humaines. Une poupée en plastique, un visage taillé dans le bois, une expression dans un objet jusqu’à la reproduction trait pour trait d’un être humain avec les humanoïdes.
Cette quête d’humanisation existe depuis la nuit des temps et atteint son apogée grâce aux nouvelles technologies. Aujourd’hui, les humanoïdes fascinent autant qu’ils dérangent.
« La vallée de l’étrange », comme l’appelle le roboticien Masahiro Mori, est cette émotion déclenchée à la vue d’un robot à la morphologie complètement humaine, mais à l’attitude et aux gestes robotiques.
La vue de ce décalage humain non-humain peut entraîner une réaction du cerveau typique dans laquelle le cortex visuel n’arrive pas à se connecter avec les neurones de l’empathie. Une sorte de sensation de fascination mêlée à l’étrangeté, de peur et de curiosité, pour une entité qui nous ressemble, mais dont nous savons qu’elle ne peut être ni ressentir comme nous.
Plusieurs études scientifiques réalisées aux États-Unis ont démontré le déclenchement de la « vallée de l’étrange » par des participants à la vue d’un humanoïde.
La quête de l’humanisation : un temps d’avance au Japon
En Occident, les robots compagnons ont quelques caractéristiques humaines : des bras, des jambes, un visage expressif, mais ils gardent un aspect machine. Au Japon, par contre, les robots nous ressemblent, de la peau aux cheveux artificiels en passant par l’expression du visage, comme nous le montre d’ailleurs l’exposition avec la « love doll » japonaise installée dans la maison du futur. Des robots compagnons ultra réalistes semblent acceptés par la population nippone qui, rappelons-le, est à la pointe des nouvelles technologies et de la robotique.
Le professeur Hiroshi Ishiguro, célèbre dans son pays pour avoir crée son sosie robotique et celui de sa fille, précise d’ailleurs : « Une apparence humaine donne à un robot un extraordinaire sentiment de présence. » Voilà peut-être la réponse au « pourquoi chercher l’humanisation à tout prix ».
Si en Occident nous n’en sommes pas encore à ressentir de la sympathie pour des humanoïdes, l’exposition nous prouve que nous sommes tous en quête d’humanisation des objets qui nous entourent.
Et si l’on se base sur l’engouement japonais, nous côtoierons certainement nous aussi des robots plus vrais que des humains. En attendant, l’exposition PERSONA nous promet des sensations étranges et des vallées de l’étrange à qui veut s’y frotter.
Exposition PERSONA / Mezzanine Ouest du Quai Branly
Du mardi 26 janvier au dimanche 13 novembre 2016
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