Dans 10 ans, nous serons 9 milliards de personnes à surfer sur Internet, via nos ordinateurs ou mobiles, auxquels s’ajouteront près de 50 milliards d’objets connectés. Dans ce contexte, le monde du 7e art (le cinéma) se fondra avec celui du 10e art (les jeux vidéo) et ne cessera de réinventer son marché. De la distribution omni support et instantanée aux techniques cinématographiques incluant réalité virtuelle, cinéma 4D et capteurs d’émotions intégrés ; à quoi ressemble le cinéma du futur ?
Internet et la création artistique
Les artistes utilisent déjà Internet pour exploiter leur potentiel : nouveaux supports et canaux d’expression, nouvelles sources de création et même sources de financements grâce au crowdfunding, ou financement participatif ; concept qui n’aurait pas pu voir le jour sans le Web et la mobilisation d’un grand nombre de participants. Le cinéma est déjà gros utilisateur de crowdfunding. Touscoprod, par exemple, est une plateforme Web française qui propose à tout un chacun de participer au financement de la réalisation de films qui leur tiennent à cœur, sous forme de don (les mises démarrent à 5 euros) moyennant une contrepartie (un cadeau, une invitation à la projection…). Plus largement ; de célèbres plateformes de crowdfunding ont vu naître des films de réalisateurs reconnus grâce à l’intervention des internautes. Le film « Wish I was here » de Zack Braff, par exemple, a pu être réalisé grâce à la contribution financière de 46 520 personnes à travers le monde et inscrits sur la plateforme Kickstarter (le réalisateur a récolté 3 105 473 dollars).
Cinéma, musique, édition de jeux vidéo : toutes les industries culturelles diversifient leur source de financement grâce au Web. Mais dans le même temps, elles se voient également obligées de diversifier leurs supports de distribution.
En 2025, les modes de distribution sur Internet seront régulés
Selon Jean-Dominique Séval, directeur général adjoint de l’IDATE*, en 2025, les règles Internet seront clarifiées. Les pirates en puissance existeront toujours, mais « un utilisateur pourra s’abonner à une offre d’accès incluant, pour un montant fixe et accessible, un ensemble de services très riches intégrant la vidéo, la presse, la musique et la littérature ; en toute légalité. » (Source : La Tribune, nos vies en numérique en 2025 et extrait du livre du même auteur « Vous êtes déjà en 2025 » aux Éditions Multimédi@).
*IDATE : Institut de l’Audiovisuel et des Télécommunications en Europe, devenu think tank spécialisé dans l’économie numérique.
Dans la lignée de cette restructuration de l’offre culturelle d’ores et déjà en cours, Jean-Dominique Séval envisage plus particulièrement un bouleversement déterminant pour l’industrie du cinéma du futur, à savoir la mise à disposition immédiate des films sur tout support plutôt que de passer, comme aujourd’hui, par une chronologie bien rodée (sortie en film, en DVD, en VOD…). En 2025, ce seront les modes de réception qui feront le film, non sa notoriété médiatique.
Le film devra être instantanément disponible partout, sur tout type d’écran, de la salle de cinéma au Smartphone, avec pourquoi pas des éléments spécifiques à chaque format et bien sûr, la commercialisation de produits dérivés. Nous parlerons de sortie en salle, évidemment, mais aussi en simultané de VOD (vidéo à la demande), de SVOD (abonnements pour vidéo à la demande), Blu-Ray, télévision, offres replay…
Le cinéma se réinvente face aux bouleversements de notre quotidien
Pour survivre à une telle diversité dans les modes de diffusion, les salles de cinéma devront trouver leur place ; ce qu’elles tentent déjà de faire aujourd’hui, par exemple en projetant des directs live de concerts ou événements, attirant des cibles de plus en plus variées.
Mais la vraie transition doit venir de ce que l’on appelle désormais le 10e art, soit le jeu vidéo : « Les jeux, dématérialisés et ubiquitaires, doivent être accessibles sur tous les terminaux – fixes et nomades – et via de nouvelles extensions telles que des casques bardés de capteurs sensoriels ou une commande cérébrale », souligne Jean-Dominique Séval. Dans 10 ans, nous commencerons effectivement à évoluer quotidiennement dans des réalités augmentées et virtuelles.
Pour preuve, la dernière conférence de Facebook en date d’avril 2016 montre deux amis séparés par 50 km de distance créer leur avatar pour se donner rendez-vous dans un espace virtuel. Aujourd’hui déjà, les lunettes connectées sont capables d’ajouter du virtuel à notre vision du réel (regardez les lunettes de ski RideOn par exemple qui ajoute des obstacles virtuels sur une piste de ski bien réelle, ajoutant une touche de jeu vidéo à notre descente). Plus généralement, dans 10 ans, nos lunettes connectées nous montreront la météo, l’état du trafic routier ou toute sorte d’informations.
Le cinéma du futur : de la 3D à la 4D
Le cinéma doit prendre en compte ces changements de perception du monde et, pour renouveler le public, réussir à transcender l’effet 3 dimensions qui sera accessible à tous dans nos vis quotidiennes. Dans cette optique, la prochaine étape sera évidemment la 4D en haute définition, que l’on trouve déjà dans certains parcs d’attractions comme le Futuroscope ou le cinéma 4D d’Europapark. Jets d’eau, sièges mouvants et odeurs accompagnent le film, mais aujourd’hui, le contenu projeté sert essentiellement à mettre en avant la technologie alors que les réalisateurs de demain devront utiliser ces effets pour améliorer la sensation d’immersion dans un film.
Ce n’est pas tout. La Docteur et futurologue Hannah Critchlow de l’Université de Cambridge estime que d’ici 10 ans, au vu des avancées en matière de neurosciences, il sera tout à fait possible de diffuser des émotions lors de la projection d’un film, et ce directement dans le cerveau des spectateurs. Vous pourrez ressentir la peur, la souffrance, la joie des personnages par une sorte de shoot émotif injecté directement dans vos neurones, en plus d’y être pleinement immergé en 4 D, de bouger, de sentir les odeurs, d’entendre les sons… Le cinéma du futur sera une véritable expérience qui vaudra bien le coup de se rendre au cinéma !
Des stars du cinéma du futur seront-elles virtuelles ?
Enfin, notez qu’au Japon, Hatsune Miku rencontre un succès grandissant. Cette star de la chanson entame une tournée mondiale alors même qu’elle n’est pas réelle. Effectivement, Hatsune Miku est un hologramme et donne de la voix grâce à un programme de synthèse vocale ! Nous n’en sommes pas encore à ce stade de « fanitude » dans nos sociétés occidentales, bien moins habituées à évoluer avec et dans les réalités virtuelles, mais qu’en sera-t-il dans dix ans ? La prochaine star du 7e art sera-t-elle virtuelle et inventée de toute pièce ? Sera-t-elle l’avatar d’un de nos contemporains ? Dans le cinéma du futur, comment les scénarios de films aborderont-ils la vie parallèle de nos mondes virtuels ?
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