Dans l’épisode « Nosedive » de la série d’anticipation Black Mirror (saison 3), toute interaction avec une personne dans la vie réelle entraîne une note attribuée sur un réseau social. La moyenne obtenue est publique. Elle définit la place de chacun dans la société, l’accès ou non au crédit, à certains biens et certains lieux…

Figurez-vous qu’en Chine, ce postulat inquiétant n’est pas de la science-fiction. En effet, le gouvernement développe un système de notation de ses habitants à partir de leurs données personnelles issues du système de messagerie instantanée Wechat (l’équivalent chinois de WhatsApp).

Le « Social Credit System », comme l’appelle le gouvernement, attribuera une note globale de citoyenneté et il sera obligatoire en 2020.

 

La Chine et les réseaux sociaux ne font pas bon ménage

En France, on aime s’exprimer sur différents réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram… Nous avons l’embarras du choix. En Chine, ce n’est pas vraiment la même mentalité ! Le parti communiste a construit ce que l’on appelle « la grande muraille » autour d’Internet, en bloquant notamment l’accès à la plupart des sites occidentaux. Tous les réseaux sociaux permettant une diffusion d’information non contrôlée sont censurés, car jugés non conformes aux règlements et aux lois de la Chine.

 

Une exception avec Wechat : l’application multifonction des Chinois

La Chine et les réseaux sociaux ne font pas bon ménageIl y a donc peu de réseaux sociaux en Chine, mais il y a tout de même Wechat ! Lancée en 2011 dans le pays, cette application était à la base une simple messagerie instantanée (un peu comme WhatsApp), mais avec le temps, son propriétaire (le géant de la télécommunication Tencent) l’a fait évoluer.

Aujourd’hui, Wechat permet à l’utilisateur de téléphoner et de chatter en permanence avec ses amis, oui, mais aussi de payer ses achats, de réserver une table au restaurant, d’acheter ses tickets de métro, de commander un sandwich… Bref, quasiment toutes les actions de sa vie quotidienne peuvent potentiellement transiter par Wechat.

950 millions d’utilisateurs sur une seule application !

Et Wechat est très populaire en Chine ! Tout le monde utilise ce réseau social et l’ampleur des données récoltées par l’application fait froid dans le dos. Celle-ci connait toute la vie de ses utilisateurs : leurs amis, leurs échanges, leurs dépenses, leurs déplacements… Et pourtant, Wechat n’effraye pas les Chinois. En à peine 6 ans, l’application a séduit 950 millions d’utilisateurs, soit plus de la moitié de la population du pays.

 

Le Social Credit Sytem : le système de notation de la population chinoise

Le Social Credit Sytem : le système de notation de la population chinoiseC’est dans ce contexte qu’est né le programme « Social Credit System ». Il a été élaboré par le gouvernement chinois en 2014 déjà, pour une utilisation uniquement volontaire. Mais d’ici 2020, le Social Credit System sera… Obligatoire !

Son objectif – tenez-vous bien – sera d’informer les autorités chinoises des activités de la population et de connaitre le « niveau de fiabilité des citoyens ». Pour ce faire, vous vous en doutez, le gouvernement collectera les données personnelles de millions de Chinois sur l’application Wechat (également sur le site Alibaba, l’équivalent d’Amazon en Chine).

Les personnes seront évaluées d’office dans différents domaines du quotidien : vie sociale, vie politique, finances… En Chine en effet – et contrairement à nos pays occidentaux – les informations récoltées par les firmes Tech sont partagées avec le gouvernement.

 

Un scoring entraînant des sanctions ou des gratifications

Comme un permis de conduire, le Social Credit System chinois est un système à point variant entre 350 et 950. Les points obtenus ou perdus varient en permanence en fonction de toutes les informations récoltées par le gouvernement sur un individu, concernant ses interactions dans la vie réelle ou sur Internet. Par exemple, griller un feu rouge, critiquer le Gouvernement sur Wechat ou encore ne pas payer à temps ses impôts fait perdre des points.

Pour gagner des points, il faut bien entendu ne pas contrarier le gouvernement chinois, éviter les amendes, payer ses impôts, ne pas être en déficit bancaire… Les achats sur Internet font également partie des critères de notation. Par exemple, si une personne achète des couches, elle sera considérée comme responsable. En revanche, si une personne n’achète que des jeux vidéo, elle sera vue comme une personne « immature ». Un peu réducteur non ? Des points sont également attribués lorsque l’achat concerne des produits chinois.

Avoir une bonne note permet alors d’obtenir différents avantages, comme bénéficier d’un prêt plus facilement, par exemple.

 

La surveillance au cœur de la politique chinoise

A priori, les Chinois voient plus le côté gratifiant de ce système que le côté intrusif. Certains d’entre eux utilisant déjà ce programme sont même fiers d’afficher leur score sur leur page Wechat.

La surveillance est un sujet crucial en Chine. D’ici 2020, des caméras de surveillance dotées de la reconnaissance faciale seront mises en place dans tout le pays, en plus de l’obligation d’utiliser le Social Credit System. Le marché de la reconnaissance faciale chinois devrait être multiplié par 5 d’ici 2021. Ce système de notation n’est donc pas vraiment étonnant. Espérons qu’il ne vienne pas s’installer en France !

Et vous, que pensez-vous de ce système ?